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jours chez elle, pour ne point aller dans un lieu où M. de Nemours ne devait pas être : et il partit sans avoir le plaisir de savoir qu’elle n’irait pas.

Il revint le lendemain du bal : il sut qu’elle ne s’y était pas trouvée ; mais, comme il ne savait pas que l’on eût redit devant elle la conversation de chez le roi dauphin, il était bien éloigné de croire qu’il fût assez heureux pour l’avoir empêchée d’y aller.

Le lendemain, comme il était chez la reine, et qu’il parlait à madame la dauphine, madame de Chartres et madame de Clèves y vinrent, et s’approchèrent de cette princesse. Madame de Clèves était un peu négligée, comme une personne qui s’était trouvée mal ; mais son visage ne répondait pas à son habillement. Vous voilà si belle, lui dit madame la dauphine, que je ne saurais croire que vous ayez été malade. Je pense que M. le prince de Condé, en vous contant l’avis de M. de Nemours sur le bal, vous a persuadée que vous feriez une faveur au maréchal de Saint-André d’aller chez lui, et que c’est ce qui vous a empêchée d’y venir. Madame de Clèves rougit de ce que madame la dauphine devinait si juste, et de ce qu’elle disait devant M. de Nemours ce qu’elle avait deviné.

Madame de Chartres vit dans ce moment pourquoi sa fille n’avait pas voulu aller au bal ; et, pour empêcher que M. de Nemours ne le jugeât aussi-bien qu’elle, elle prit la parole avec un air qui semblait être appuyé sur la vérité. Je vous assure, madame, dit-elle à madame la dauphine, que votre majesté fait plus d’honneur à ma fille qu’elle n’en mérite. Elle était