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lettres.

qu’il voit très-souvent, s’est chargé de faire tenir le paquet dont il s’agit. Je vous supplie donc, comme vous n’êtes plus à Aix, de le renvoyer par quelqu’un de confiance, et d’écrire un mot à madame de Northumberland, afin qu’elle vous fasse réponse, et qu’elle vous mande qu’elle l’a reçu : vous m’enverrez sa réponse. On dit ici que, si M. de Montaigu n’a pas un heureux succès dans son voyage, il passera en Italie, pour faire voir que ce n’est pas pour les beaux yeux de madame de Northumberland qu’il court le pays : mandez-nous un peu ce que vous verrez de cette affaire, et comment il sera traité.

La Marans est dans une dévotion, et dans un esprit de douceur et de pénitence qui ne se peuvent comprendre ; sa sœur[1], qui ne l’aime pas, en est surprise et charmée ; sa personne est changée à n’être pas reconnaissable : elle paraît soixante ans. Elle trouva mauvais que sa sœur m’eût conté ce qu’elle lui avait dit sur cet enfant de M. de Longueville, et elle se plaignit aussi de moi, de ce que je l’avais redonné au public ; mais ses plaintes étaient si douces, que Montalais en était confondue pour elle et pour moi ; en sorte que, pour m’excuser, elle lui dit que j’étais informée de la belle opinion qu’elle avait que j’aimais M. de Longueville. La Marans, avec un esprit admirable, répondit que, puisque je savais cela, elle s’étonnait que je n’en eusse pas dit davantage, et que j’avais raison de me plaindre d’elle. On parla de madame de

  1. Mademoiselle de Montalais, fille d’honneur de madame Henriette-Anne d’Angleterre.