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ensuite maréchal de France. La jalousie du roi augmenta néanmoins d’une telle sorte, qu’il ne put souffrir que ce maréchal demeurât à la cour : mais la jalousie, qui est aigre et violente en tous les autres, est douce et modérée en lui par l’extrême respect qu’il a pour sa maîtresse ; en sorte qu’il n’osa éloigner son rival que sur le prétexte de lui donner le gouvernement de Piémont. Il y a passé plusieurs années : il revint, l’hiver dernier, sur le prétexte de demander des troupes et d’autres choses nécessaires pour l’armée qu’il commande. Le désir de revoir madame de Valentinois, et la crainte d’en être oublié, avaient peut-être beaucoup de part à ce voyage. Le roi le reçut avec une grande froideur. MM. de Guise, qui ne l’aiment pas, mais qui n’osent le témoigner à cause de madame de Valentinois, se servirent de M. le vidame, qui est son ennemi déclaré, pour empêcher qu’il n’obtînt aucune des choses qu’il était venu demander. Il n’était pas difficile de lui nuire ; le roi le haïssait, et sa présence lui donnait de l’inquiétude : de sorte qu’il fut contraint de s’en retourner sans remporter aucun fruit de son voyage, que d’avoir peut-être rallumé dans le cœur de madame de Valentinois des sentiments que l’absence commençait d’éteindre. Le roi a bien eu d’autres sujets de jalousie ; mais ou il ne les a pas connus, ou il n’a osé s’en plaindre.

Je ne sais, ma fille, ajouta madame de Chartres, si vous ne trouverez point que je vous ai plus appris de choses que vous n’aviez envie d’en savoir. Je suis très-éloignée, madame, de faire cette plainte, répondit madame de Clèves ; et, sans la peur de vous impor-