Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

serve sa réputation. Le hasard fit qu’elle reçut la nouvelle de la mort de son mari le même jour qu’elle apprit celle de M. d’Orléans ; de sorte qu’elle eut ce prétexte pour cacher sa véritable affliction, sans avoir la peine de se contraindre.

Le roi ne survécut guère au prince son fils ; il mourut deux ans après. Il recommanda à M. le dauphin de se servir du cardinal de Tournon et de l’amiral d’Annebault, et ne parla point de M. le connétable, qui était pour lors relégué à Chantilly. Ce fut néanmoins la première chose que fit le roi son fils, de le rappeler, et de lui donner le gouvernement des affaires.

Madame d’Estampes fut chassée, et reçut tous les mauvais traitements qu’elle pouvait attendre d’une ennemie toute-puissante. La duchesse de Valentinois se vengea alors pleinement, et de cette duchesse, et de tous ceux qui lui avaient déplu. Son pouvoir parut plus absolu sur l’esprit du roi, qu’il ne paraissait encore pendant qu’il était dauphin. Depuis douze ans que ce prince règne, elle est maîtresse absolue de toutes choses : elle dispose des charges et des affaires ; elle a fait chasser le cardinal de Tournon, le chancelier Olivier, et Villeroy. Ceux qui ont voulu éclairer le roi sur sa conduite ont péri dans cette entreprise. Le comte de Taix, grand maître de l’artillerie, qui ne l’aimait pas, ne put s’empêcher de parler de ses galanteries, et sur-tout de celle du comte de Brissac, dont le roi avait déjà eu beaucoup de jalousie : néanmoins, elle fit si bien, que le comte de Taix fut disgracié ; on lui ôta sa charge ; et, ce qui est presque incroyable, elle la fit donner au comte de Brissac, et l’a fait