Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de lui, et l’attacha davantage au duc d’Orléans, son troisième fils. C’était un prince bien fait, beau, plein de feu et d’ambition, d’une jeunesse fougueuse, qui avait besoin d’être modéré, mais qui eût fait aussi un prince d’une grande élévation, si l’âge eût muri son esprit.

Le rang d’aîné qu’avait le dauphin, et la faveur du roi qu’avait le duc d’Orléans, faisaient entre eux une sorte d’émulation, qui allait jusqu’à la haine. Cette émulation avait commencé dès leur enfance, et s’était toujours conservée. Lorsque l’empereur passa en France, il donna une préférence entière au duc d’Orléans sur M. le dauphin, qui la ressentit si vivement, que, comme cet empereur était à Chantilly, il voulut obliger M. le connétable à l’arrêter, sans attendre le commandement du roi. M. le connétable ne le voulut pas : le roi le blâma, dans la suite, de n’avoir pas suivi le conseil de son fils ; et, lorsqu’il l’éloigna de la cour, cette raison y eut beaucoup de part.

La division des deux frères donna la pensée à la duchesse d’Estampes de s’appuyer de M. le duc d’Orléans, pour la soutenir auprès du roi contre madame de Valentinois. Elle y réussit : ce prince, sans être amoureux d’elle, n’entra guère moins dans ses intérêts, que le dauphin était dans ceux de madame de Valentinois. Cela fit deux cabales dans la cour, telles que vous pouvez vous les imaginer ; mais ces intrigues ne se bornèrent pas seulement à des démêlés de femmes.

L’Empereur, qui avait conservé de l’amitié pour le duc d’Orléans, avait offert plusieurs fois de lui remettre le duché de Milan. Dans les propositions qui se firent