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savez qu’elle s’appelle Diane de Poitiers : sa maison est très-illustre ; elle vient des anciens ducs d’Aquitaine : son aïeule était fille naturelle de Louis XI, et enfin il n’y a rien que de grand dans sa naissance. Saint-Valier, son père, se trouva embarrassé dans l’affaire du connétable de Bourbon, dont vous avez ouï parler. Il fut condamné à avoir la tête tranchée, et conduit sur l’échafaud. Sa fille, dont la beauté était admirable, et qui avait déjà plu au feu roi, fit si bien (je ne sais par quels moyens) qu’elle obtint la vie de son père. On lui porta sa grace, comme il n’attendait que le coup de la mort ; mais la peur l’avait tellement saisi, qu’il n’avait plus de connaissance, et il mourut peu de jours après. Sa fille parut à la cour comme la maîtresse du roi. Le voyage d’Italie et la prison de ce prince interrompirent cette passion. Lorsqu’il revint d’Espagne, et que madame la régente alla au-devant de lui à Bayonne, elle mena toutes ses filles, parmi lesquelles était mademoiselle de Pisseleu, qui a été depuis la duchesse d’Estampes. Le roi en devint amoureux. Elle était inférieure en naissance, en esprit et en beauté à madame de Valentinois, et elle n’avait au-dessus d’elle que l’avantage de la grande jeunesse. Je lui ai ouï dire plusieurs fois qu’elle était née le jour que Diane de Poitiers avait été mariée : la haine le lui faisait dire, et non pas la vérité ; car je suis bien trompée si la duchesse de Valentinois n’épousa M. de Brezé, grand sénéchal de Normandie, dans le même temps que le roi devint amoureux de madame d’Estampes. Jamais il n’y a eu une si grande haine que l’a été celle de ces deux femmes. La duchesse