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dans les premières années de son mariage, qu’il n’avait point encore d’enfants, quoiqu’il aimât cette duchesse, il parut quasi résolu de se démarier pour épouser la reine ma mère. Madame de Valentinois, qui craignait une femme qu’il avait déjà aimée, et dont la beauté et l’esprit pouvaient diminuer sa faveur, s’unit au connétable, qui ne souhaitait pas aussi que le roi épousât une sœur de MM. de Guise : ils mirent le feu roi dans leurs sentiments ; et, quoiqu’il haït mortellement la duchesse de Valentinois, comme il aimait la reine, il travailla avec eux pour empêcher le roi de se démarier; mais, pour lui ôter absolument la pensée d’épouser la reine ma mère, ils firent son mariage avec le roi d’Écosse, qui était veuf de madame Magdeleine, sœur du roi, et ils le firent parce qu’il était le plus prêt à conclure, et manquèrent aux engagements qu’on avait avec le roi d’Angleterre, qui la souhaitait ardemment. Il s’en fallait peu même que ce manquement ne fît une rupture entre les deux rois. Henri VIII ne pouvait se consoler de n’avoir pas épousé la reine ma mère ; et, quelque autre princesse française qu’on lui proposât, il disait toujours qu’elle ne remplacerait jamais celle qu’on lui avait ôtée. Il est vrai aussi que la reine ma mère, était une parfaite beauté ; et que c’est une chose remarquable, que, veuve d’un duc de Longueville, trois rois aient souhaité de l’épouser : son malheur l’a donnée au moindre, et l’a mise dans un royaume où elle ne trouve que des peines. On dit que je lui ressemble : je crains de lui ressembler aussi par sa malheureuse destinée ; et, quelque bonheur qui semble se préparer pour moi, je ne saurais croire que j’en jouisse.