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dinal de Furstemberg à Cologne. On y fit marcher plus de troupes qu’il n’y en avait déjà ; et l’on envoya M. de Sourdis pour commander dans le pays. On fit des propositions à M. l’électeur de Bavière, et on espérait qu’il les pourrait accepter, parce qu’on prétendait que sa femme ne pouvait point avoir d’enfants, et que le prince Clément n’avait point envie de s’engager dans l’état ecclésiastique ; mais la grossesse de madame l’électrice, qui vint quelque temps après, ne laissa plus d’espérance.

En même temps que l’on apprit que les élections avaient mal réussi, le roi eut avis que le prince d’Orange faisait un armement de mer prodigieux, qui regardait l’Angleterre. Il avait eu des conférences avec M. l’électeur de Brandebourg, et avec M. de Schomberg. D’abord, on avait cru que ces entrevues n’étaient que pour nous empêcher d’être maîtres de l’électorat de Cologne ; mais le prince d’Orange achetait des troupes de tous côtés pour charger ses vaisseaux. Enfin, on disait que, depuis l’armée navale de Charles-Quint, on n’en avait pas vu une plus formidable. Sa Majesté donna avis au roi d’Angleterre que tous ces apprêts-là le regardaient. Le roi d’Angleterre n’en fut pas plus ému, parce qu’il ne le crut pas. Quand le prince d’Orange vit son dessein découvert, il se pressa plus qu’il n’avait fait, et répandit de très-grandes sommes d’argent pour être en état de partir au plutôt, étant bien persuadé que les grands desseins réussissent difficilement, quand ils sont éventés et longs dans l’exécution. Sa Majesté ne laissa pas d’offrir au roi d’Angleterre de le secourir toutes les fois qu’il en aurait besoin.