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grandeur et d’élévation se trouvaient souvent joints à ces autres intérêts moins importants, mais qui n’étaient pas moins sensibles. Ainsi il y avait une sorte d’agitation sans désordre dans cette cour, qui la rendait très-agréable, mais aussi très-dangereuse pour une jeune personne. Madame de Chartres voyait ce péril, et ne songeait qu’aux moyens d’en garantir sa fille. Elle la pria, non pas comme sa mère, mais comme son amie, de lui faire confidence de toutes les galanteries qu’on lui dirait, et elle lui promit de lui aider à se conduire dans des choses où l’on était souvent embarrassée quand on était jeune.

Le chevalier de Guise fit tellement paraître les sentiments et les desseins qu’il avait pour mademoiselle de Chartres, qu’ils ne furent ignorés de personne. Il ne voyait néanmoins que de l’impossibilité dans ce qu’il désirait : il savait bien qu’il n’était point un parti qui convînt à mademoiselle de Chartres, par le peu de bien qu’il avait pour soutenir son rang ; et il savait bien aussi que ses frères n’approuveraient pas qu’il se mariât, par la crainte de l’abaissement que les mariages des cadets apportent d’ordinaire dans les grandes maisons. Le cardinal de Lorraine lui fit bientôt voir qu’il ne se trompait pas ; il condamna l’attachement qu’il témoignait pour mademoiselle de Chartres, avec une chaleur extraordinaire, mais il ne lui en dit pas les véritables raisons. Ce cardinal avait une haine pour le vidame, qui était secrète alors et qui éclata depuis. Il eut plutôt consenti à voir son frère entrer dans toute autre alliance que dans celle de ce vidame ; et il déclara si publiquement combien il en était éloigné, que madame