Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dance, et une place appelée le Mont-Royal, que nous faisions sur la Moselle, nous en rendait entièrement les maîtres. Par-là, l'électeur de Trêves, celui de Mayence et le Palatin, étaient entièrement sous notre coulevrine, et les ennemis du roi ne pouvaient pas aisément se faire un passage par ces endroits-là. L'électorat de Cologne était donc le seul dont nous ne fussions pas les maîtres. Nous l'avions été par la liaison que M. l'électeur de Cologne avait toujours eue avec le roi ; mais on le voyait dépérir, et il ne pouvait vivre encore long-temps. Comme les chanoines de cette église sont tous allemands, et qu'il en faut nécessairement élever un à la dignité d'électeur, le roi n'en trouvait aucun dans ses intérêts que le prince Guillaume de Furstemberg, qui y avait toujours été, à qui il avait donné l'évêché de Strasbourg après la mort de son frère, qu'il avait fait cardinal, et à qui il avait donné quantité de bénéfices en France. Il avait été de tout temps attaché au roi, et c'étaient son frère et lui qui avaient ménagé tous les commencements de la guerre de Hollande. Le roi jugea donc qu'il lui était nécessaire de l'élever à cette dignité, et l'on crut que l'on y réussirait plus aisément en le faisant du vivant de M. l'électeur, qu'en attendant après sa mort. On fit donc consentir l'électeur à demander un coadjuteur. On s'assembla ; et, après beaucoup de difficultés que formèrent les partisans de l'empereur et de l'Empire, M. de Furstcemberg fut élu coadjuteur. On crut, en ce pays-ci, que c'était une affaire faite, et que rien ne pouvait plus empêcher qu'il ne le fût. On dépêcha des courriers à Rome et à Vienne : à Rome, pour avoir les bulles ; à Vienne,