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n’étaient pas nouvelles pour lui ; qu’il s’était accoutumé à en supporter l’éclat du temps qu’elle était destinée à être sa belle-sœur ; mais qu’il voyait bien que tout le monde n’en était pas si peu ébloui. Le duc d’Anjou lui avoua qu’il n’avait encore rien vu qui lui parût comparable à cette jeune princesse, et qu’il sentait bien que sa vue lui pourrait être dangereuse, s’il y était souvent exposé. Il voulut faire convenir le duc de Guise qu’il sentait la même chose ; mais ce duc, qui commençait à se faire une affaire sérieuse de son amour, n’en voulut rien avouer. Ces princes s’en retournèrent à Loches, faisant souvent leur agréable conversation de l’aventure qui leur avait découvert la princesse de Montpensier. Ce ne fut pas un sujet de si grand divertissement dans Champigni. Le prince de Montpensier était mal content de tout ce qui était arrivé, sans qu’il en pût dire le sujet. Il trouvait mauvais que sa femme se fût trouvée dans ce bateau. Il lui semblait qu’elle avait reçu trop agréablement ces princes ; et, ce qui lui déplaisait le plus, était d’avoir remarqué que le duc de Guise l’avait regardée attentivement. Il en conçut dès ce moment une jalousie furieuse, qui le fit ressouvenir de l’emportement qu’il avait témoigné lors de son mariage ; et il eut quelque pensée que, dès ce temps-là même, il en était amoureux. Le chagrin que tous ses soupçons lui causèrent donna de mauvaises heures à la princesse de Montpensier. Le comte de Chabanes, selon sa coutume, prit soin d’empêcher qu’ils ne se brouillassent tout-à-fait, afin de persuader par-là à la princesse combien la passion qu’il avait pour elle était sincère et désin-