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donner des louanges à cette personne qu’il avait vue, qu’il ne connaissait point. Madame lui dit qu’il n’y avait point de personnes comme celle qu’il dépeignait ; et que, s’il y en avait quelqu’une, elle serait connue de tout le monde. Madame de Dampierre, qui était sa dame d’honneur et amie de madame de Chartres, entendant cette conversation, s’approcha de cette princesse, et lui dit tout bas que c’était sans doute mademoiselle de Chartres que M. de Clèves avait vue. Madame se retourna vers lui, et lui dit que, s’il voulait revenir chez elle le lendemain, elle lui ferait voir cette beauté dont il était si touché. Mademoiselle de Chartres parut en effet le jour suivant : elle fut reçue des reines avec tous les agréments qu’on peut s’imaginer, et avec une telle admiration de tout le monde, qu’elle n’entendait autour d’elle que des louanges. Elle les recevait avec une modestie si noble, qu’il ne semblait pas qu’elle les entendît, ou du moins qu’elle en fût touchée. Elle alla ensuite chez Madame, sœur du roi. Cette princesse, après avoir loué sa beauté, lui conta l’étonnement qu’elle avait donné à M. de Clèves. Ce prince entra un moment après : venez, lui dit-elle, voyez si je ne vous tiens pas ma parole, et si, en vous montrant mademoiselle de Chartres, je ne vous fais pas voir cette beauté que vous cherchiez ; remerciez-moi au moins de lui avoir appris l’admiration que vous aviez déjà pour elle.

M. de Clèves sentit de la joie de voir que cette personne qu’il avait trouvée si aimable était d’une qualité proportionnée à sa beauté : il s’approcha d’elle, et il la supplia de se souvenir qu’il avait été le premier