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pour lui pourraient faire en sa faveur. Il résolut aussi de ne point faire de reproches au vidame de Chartres de l’infidélité qu’il lui avait faite, de peur de fortifier ses soupçons.

Les fiançailles de madame, qui se faisaient le lendemain, et le mariage, qui se faisait le jour suivant, occupaient tellement toute la cour, que madame de Clèves et M. de Nemours cachèrent aisément au public leur tristesse et leur trouble. Madame la dauphine ne parla même qu’en passant à madame de Clèves de la conversation qu’elles avaient eue avec M. de Nemours ; et M. de Clèves affecta de ne plus parler à sa femme de tout ce qui s’était passé ; de sorte qu’elle ne se trouva pas dans un aussi grand embarras qu’elle l’avait imaginé.

Les fiançailles se firent au Louvre, et, après le festin et le bal, toute la maison royale alla coucher à l’Évêché, comme c’était la coutume. Le matin, le duc d’Albe, qui n’était jamais vêtu que fort simplement, mit un habit de drap d’or, mêlé de couleur de feu, de jaune et de noir, tout couvert de pierreries, et il avait une couronne fermée sur la tête. Le prince d’Orange, habillé aussi magnifiquement, avec ses livrées, et tous les Espagnols suivis des leurs, vinrent prendre le duc d’Albe à l’hôtel de Villeroy, où il était logé, et partirent, marchant quatre à quatre, pour venir à l’Évêché. Sitôt qu’il fut arrivé, on alla par ordre à l’église : le roi menait madame, qui avait aussi une couronne fermée, et sa robe portée par mesdemoiselles de Montpensier et de Longueville ; la reine marchait ensuite, mais sans couronne ; après elle, venait la reine dau-