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M. de Nemours lui dit encore tout ce qu’il crut propre à la persuader : et, comme on persuade aisément une vérité agréable, il convainquit madame de Clèves qu’il n’avait point de part à cette lettre.

Elle commença alors à raisonner avec lui sur l’embarras et le péril où était le vidame, à le blâmer de sa méchante conduite, à chercher les moyens de le secourir : elle s’étonna du procédé de la reine ; elle avoua à M. de Nemours qu’elle avait la lettre ; enfin, sitôt qu’elle le crut innocent, elle entra avec un esprit ouvert et tranquille dans les mêmes choses qu’elle semblait d’abord ne daigner pas entendre. Ils convinrent qu’il ne fallait point rendre la lettre à la reine dauphine, de peur qu’elle ne la montrât à madame de Martigues, qui connaissait l’écriture de madame de Thémines, et qui aurait aisément deviné, par l’intérêt qu’elle prenait au vidame, qu’elle s’adressait à lui. Ils trouvèrent aussi qu’il ne fallait pas confier à la reine dauphine tout ce qui regardait la reine sa belle-mère. Madame de Clèves, sous le prétexte des affaires de son oncle, entrait avec plaisir à garder tous les secrets que M. de Nemours lui confiait.

Ce prince ne lui eût pas toujours parlé des intérêts du vidame, et la liberté où il se trouvait de l’entretenir lui eût donné une hardiesse qu’il n’avait encore osé prendre, si l’on ne fût venu dire à madame de Clèves que la reine dauphine lui ordonnait de l’aller trouver. M. de Nemours fut contraint de se retirer. Il alla trouver le vidame, pour lui dire qu’après l’avoir quitté il avait pensé qu’il était plus à propos de s’adresser à madame de Clèves, qui était sa nièce, que d’aller