ependant, quelque rempli et quelque occupé que
je fusse de cette nouvelle liaison avec la reine, je tenais
à madame de Thémines par une inclination naturelle
que je ne pouvais vaincre. Il me parut qu’elle cessait
de m’aimer, et, au lieu que, si j’eusse été sage, je me
fusse servi du changement qui paraissait en elle pour
aider à me guérir, mon amour en redoubla, et je me
conduisais si mal que la reine eut quelque connaissance
de cet attachement. La jalousie est naturelle aux personnes de sa nation, et peut-être que cette princesse
a pour moi des sentiments plus vifs qu’elle ne
pense elle-même. Mais enfin le bruit que j’étais amoureux
lui donna de si grandes inquiétudes et de si
grands chagrins, que je me crus cent fois perdu auprès
d’elle. Je la rassurai enfin à force de soins, de soumissions
et de faux serments ; mais je n’aurais pu la
tromper long-temps, si le changement de madame de
Thémines ne m’avait détaché d’elle malgré moi. Elle
me fit voir qu’elle ne m’aimait plus ; et j’en fus si
persuadé,
que je fus contraint de ne la pas tourmenter