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Gilblas le talent d’observation qui le distingue. Gilblas est l’école du monde, le tableau moral et animé de la vie humaine. C’est Laharpe qui le caractérise ainsi, et personne ne trouvera cet éloge exagéré. Qui n’a point lu vingt fois Gilblas ? Qui ne desire pas de le relire encore ? Gilblas me paraît être le roman français par excellence , et il sera toujours le meilleur argument de ceux qui voudront prouver notre supériorité sur les Anglais dans le genre du roman comique et satirique.

Il est encore une autre espèce de roman dont notre nation a fourni le chef-d’œuvre, c’est le roman politique, et ce chef-d’œuvre est le Télémaque. Le Séthos de Terrasson, les Voyages de Cyrus de Ramsay, le Télèphe de Pechméja, auraient servi à rehausser sa gloire, si sa gloire en avait eu besoin.

Ici finit la tâche que je me suis imposée. Les romans dont j’ai parlé jusqu’ici, à l’exception de ceux de Lesage et du Télémaque, pouvaient être l’objet d’un examen utile : ils ont beaucoup moins occupé les littérateurs ; quelques-uns d’entre eux ne sont lus que d’un très-petit nombre de personnes ; les autres ne le sont point du tout. Mais que dirais-je des romans de Prévost, de Marivaux, de Crébillon et de Duclos, de ceux de Richardson et de Fielding ? que dirais-je de celui de Rousseau, que l’on n’ait déjà dit cent fois, cent fois pensé ? Ces ouvrages sont dans toutes les mains ; ils ont autant de lecteurs que de gens qui savent lire, et autant de juges que de lecteurs.


fin des romans.