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dit il à Consalve, de la tristesse où vous parut Alamir lorsque vous le rencontrâtes après qu'il eut quitté Félime. C'était à elle à qui ces cavaliers l'avaient vu parler dans le bois ; ce qu'elle lui venait de dire fut cause qu'il vous reconnut, et nous entendons présentement les paroles que vous dit ce prince en mettant l'épée à la main, qui vous parurent si obscures et qui nous donnèrent tant de curiosité. Consalve ne répondit que des yeux au roi de Léon, et don Olmond reprit ainsi son discours :

Il est aisé de juger en quel état Félime passa la nuit et de combien de sortes de douleurs son esprit était partagé. Elle trouvait qu'elle avait trahi Zayde, elle craignait d'avoir désespéré Alamir, et, malgré sa jalousie, elle était affligée de l'avoir rendu si malheureux. Elle souhaitait néanmoins qu'il sût que Zayde était touchée par une autre inclination, elle craignait de lui avoir trop bien ôté l'opinion qu'elle lui en avait donnée, et elle appréhendait, plus que toutes choses, de lui avoir fait connaître la passion qu'elle avait pour lui. Le lendemain une nouvelle douleur effaça toutes les autres, elle sut le combat d'Alamir contre Consalve, et elle ne sentit que la crainte de le perdre. Elle envoya tous les jours savoir de ses nouvelles au château où il était, et, quand elle commença à avoir quelque espérance de sa guérison, elle apprit ce que le roi avait ordonné de sa vie pour se venger de la mort du prince de Galice. Vous avez vu la lettre quelle m'écrivit ces jours passés pour m'obliger à travailler à sa conservation. Je lui ai appris ce qu'a fait Consalve à sa prière, et il ne me reste rien à vous dire, sinon que je n'ai jamais vu en