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reprit un visage où il paraissait plus de tranquillité qu'il n'y en avait dans son âme.

— Vous avez raison de croire, lui dit-elle, que, si Zayde aimait quelque chose, je ne le vous dirais pas, j'ai voulu seulement vous le faire craindre. Il est vrai que nous avons trouvé un Espagnol qui est amoureux de Zayde, et qui ressemble au portrait que vous avez vu, mais vous m'avez fait apercevoir que j'ai peut-être fait une faute de vous l'avoir dit, et j'ai une inquiétude extrême que Zayde n'en soit offensée.

Il y eut quelque chose de si naturel à ce que dit Félime, qu'elle crut que ses paroles avaient fait une partie de l'effet qu'elle pouvait souhaiter ; néanmoins son embarras avait été si grand, et ce qu'elle avait dit avait été si remarquable, que, sans le trouble où elle voyait le prince de Tharse, elle n'eût pu se flatter de l'espérance que ses paroles n'eussent pas découvert ses sentiments. Osmin, qui vint dans ce moment, interrompit leur conversation. Félime, pressée par ses soupirs et par ses larmes qu'elle ne pouvait retenir, entra dans le bois pour cacher sa douleur et pour la soulager en la contant à une personne en qui elle se confi[ait] entièrement. La princesse sa mère la fit rappeler pour retourner à Oropèze, elle n'osa jeter les yeux sur Alamir de peur d'y voir trop de douleur de ce qu'elle lui avait dit de Zayde ou trop d'intelligence de ce qu'elle lui avait dit d'elle-même. Elle remarqua néanmoins qu'il reprenait le chemin du camp, et elle eut quelque joie de penser qu'il n'allait pas voir Zayde.

Le roi ne put s'empêcher d'interrompre en cet endroit le récit de don Olmond. Je ne m'étonne plus,