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Félime n'eut pas de peine à se résoudre à faire ce commandement à Alamir. Le lendemain de la trêve, Bélénie, qui se trouvait mal, voulut profiter de la liberté qu'elle avait de sortir de la ville, et s'alla promener dans un grand bois qui n'en était pas fort éloigné. Comme elle s'y promenait avec Osmin et Félime, ils virent arriver le prince de Tharse, ils en eurent, beaucoup de joie, et, après qu'ils en eurent parlé longtemps ensemble, Félime trouva le moyen d'entretenir Alamir en particulier.

— Je suis bien fâchée, lui dit-elle, d'avoir à vous apprendre une chose qui empêchera le voyage que vous avez dessein de faire, mais Zayde vous prie de ne point aller à Talavera, et elle vous en prie d'une manière qui peut passer pour commandement.

— Par quel excès de cruauté, madame, s'écria Alamir, Zayde veut elle m'ôter la seule joie que ses rigueurs m'aient laissée, qui est celle de la voir ?

— Je crois, lui répondit Félime, qu'elle veut faire finir la passion que vous lui témoignez. Vous connaissez sa répugnance pour épouser un homme de votre religion, vous savez même qu'elle a lieu de croire qu'elle ne vous est pas destinée et vous savez aussi que Zuléma a changé de sentiment.

— Tous ces obstacles, repartit Alamir, ne me feront pas changer non plus que la continuation des rigueurs de Zayde, et malgré la destinée et la manière dont elle me traite, je n'abandonnerai jamais l'espérance d'en être aimé. Félime, plus touchée que de coutume de voir l'opiniâtreté de la passion d'Alamir, disputa longtemps contre lui sur les raisons qui devaient le guérir, mais, voyant que tout ce qu'elle lui disait était inutile,