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Vous pouvez tout sur Consalve ; faites qu'il sauve Alamir de la colère du roi de Léon. En le garantissant de la mort qu'on lui prépare, il ne lui sauvera pas la vie ; ses blessures la lui ôteront bientôt ; et Consalve est déjà assez vengé de ce malheureux prince, puisqu'on est contraint de recourir à lui pour sa conservation. Travaillez-y, je vous en conjure : vous sauverez plus d'une vie en sauvant celle d'Alamir.

Ah ! Zayde, s'écria Consalve, Félime n'écrit que par vos ordres, et vous m'ordonnez par cette lettre de vous conserver Alamir. Quelle inhumanité est la vôtre ! Et à quelle extrémité me réduisez-vous ? N'est-ce pas assez que je supporte mes malheurs ? Faut-il encore que je travaille à conserver celui qui les cause ? Dois-je m'opposer à la résolution du roi ? Elle est juste, il a été contraint de la prendre, et je n'y ai point eu de part. Je devrais laisser périr Alamir, si je ne savais point qu'il est mon rival et qu'il est aimé de Zayde, mais je le sais, et cette raison, toute cruelle qu'elle est, ne me permet pas de consentir à sa perte. Quelle loi, reprit-il, me veux-je imposer et quelle générosité m'oblige à conserver Alamir ? Parce que je sais qu'il m'ôte Zayde ; faut-il que je lui sauve la vie ? Dois-je prétendre que, pour me l'accorder, le roi se mette au hasard de faire révolter son armée ? Abandonnerai-je les intérêts de don Garcie pour m'arracher les douces espérances dont la mort d'Alamir vient me flatter ? Ce prince seul me dispute Zayde et, quelque prévenue