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de la revoir. Il demeura quelque temps dans ces diverses pensées, puis tout à coup, se tournant vers ceux qui le conduisaient : Je ne crois pas, leur dit-il, que vous craigniez que je vous puisse échapper ; je vous demande la grâce de me laisser approcher du bord de la rivière pour parler pendant quelques moments à des personnes que je vois dans cette barque. Je suis très-fâché, lui répondit Oliban, d’avoir des ordres contraires à ce que vous désirez ; mais il m’est défendu de vous laisser parler à qui que ce soit et vous me permettrez d’exécuter ce qui m’a été ordonné. Consalve sentit si vivement ce refus, que cet officier, qui remarqua la violence de ses sentiments et qui craignit qu’il n’appelât à son secours ceux qui étaient dans la barque, ordonna à ses gens de l’éloigner de la rivière. Ils s’en éloignèrent à l’heure même et conduisirent Consalve au lieu le plus commode pour passer la nuit. Le lendemain ils prirent le chemin de Léon et marchèrent avec tant de diligence, qu’ils y arrivèrent en peu de jours. Oliban envoya un des siens avertir le prince de leur arrivée et attendit son retour à deux cents pas de la ville. Celui qu’il avait envoyé apporta l’ordre de conduire Consalve dans le palais par un chemin détourné et de le faire entrer dans le cabinet de don Garcie. Consalve était si affligé, qu’il se laissait conduire sans demander seulement en quel lieu on le voulait mener.


fin de la première partie.