Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 1.djvu/209

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Consalve se confirmait dans cette résolution, quelque peine que prît Alphonse de l'en détourner. Il était plus tourmenté que jamais de la peine de ne pouvoir entendre Zayde et de n'en pouvoir être entendu. Il fit réflexion sur la lettre qu'il lui avait vu écrire, et il lui sembla qu'elle était écrite en caractères grecs ; quoiqu'il n'en fût pas bien assuré, l'envie de s'en éclaircir lui donna la pensée d'aller à Tarragone pour trouver quelqu'un qui entendît la langue grecque. Il y avait déjà envoyé plusieurs fois chercher des étrangers qui lui pussent servir de truchement, mais comme il ne savait quelle langue parlait Zayde, on ne savait aussi quels étrangers il allait demander, et, les voyages de tous ceux qu'il y avait envoyés ayant été inutiles, il se résolut d'y aller lui-même. C'était néanmoins une résolution difficile à prendre, car il fallait s'exposer dans une grande ville au hasard d'être connu, et il fallait quitter Zayde, mais l'envie de pouvoir s'expliquer avec elle le fit passer par-dessus ces raisons. Il tâcha de lui faire entendre qu'il allait chercher un truchement et partit pour aller à Tarragone. Il se déguisa le mieux qu'il lui fut possible, il alla dans les lieux où étaient les étrangers, il en trouva un grand nombre, mais leur langue n'était point celle de Zayde. Enfin il demanda s'il n'y avait point quelqu'un qui entendît la langue grecque. Celui à qui il s'adressa lui répondit en espagnol qu'il était d'une des îles de la Grèce. Consalve le pria de parler sa langue ; il le fit, et Consalve connut que c'était celle de Zayde. Par bonheur, les affaires de cet étranger ne le retenaient pas à Tarragone ; il voulut bien suivre Consalve, qui