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DES ROMANS.

montel, a fait aussi un ouvrage ex professo sur les romans, qu’il a depuis inséré par parties dans son Cours de Littérature, et où il juge, en critique plein de savoir et de goût, tous les romans modernes, tant nationaux qu’étrangers, qui ont été faits depuis le Roman de la Rose et l’Astrée, qu’il déclare n’avoir pas lus[1], jusqu’aux romans de madame Riccoboni.

Enfin, Hugues Blair, fameux littérateur anglais, auteur des Leçons sur la Rhétorique et les Belles-Lettres, a consacré dans cet ouvrage un assez long article aux romans, dont il retrace l’histoire, et qu’il considère sous le double rapport de l’utilité morale et du mérite littéraire. Ce Hugues Blair, que ses compatriotes mettent au premier rang de ceux qui ont écrit sur la littérature, me paraît à peine digne, je l’avoue, d’entrer en concurrence avec nos critiques du second ordre. On ne peut lui refuser du savoir et du sens ; mais on ne trouve dans son livre ni vues étendues, ni observations fines ou profondes. Il a pourtant le

  1. La Harpe est tombé, au sujet de l’Astrée, dans une singulière méprise. « Je déclare d’abord, dit-il, que je n’ai jamais lu, ni pu lire l’Astrée, ni le Roman de la Rose, malgré le mérite si grand de leur ancienneté… Les érudits, les philologues, les étymologistes peuvent y chercher les antiquités de notre langue et étudier notre vieux jargon. » Ce qu’il dit là convient parfaitement au Roman de la Rose, qui date de 1305, mais nullement à l’Astrée, qui est du commencement du dix-septième siècle. Il a fait disparaître cette erreur dans son Cours de Littérature, en mettant : « Je n’ai pu lire le Roman de la Rose non plus que l’Astrée, quoique beaucoup plus moderne. »