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se mit à pleurer avec toutes les marques d'une grande affliction, et elle fit signe de la main qu'on se retirât. On sortit de sa chambre. Consalve s'en alla avec Alphonse pour lui demander où l'on avait rencontré cette autre étrangère. Alphonse lui dit que les pêcheurs des cabanes voisines l'avaient trouvée sur le rivage, le même jour et au même état qu'il avait trouvé sa compagne.

— Elles auront de la consolation d'être ensemble, reprit Consalve, mais, Alphonse, que pensez vous de ces deux personnes ? À en juger par leurs habits, elles sont d'un rang au dessus du commun ; comment se sont elles exposées sur la mer dans une petite barque ? Ce n'est point dans un grand vaisseau qu'elles ont fait naufrage. Celle que vous avez amenée à Zayde, lui a appris une nouvelle qui lui a donné beaucoup de douleur ; enfin, il y a quelque chose d'extraordinaire dans leur fortune.

— Je le crois comme vous, répondit Alphonse, je suis étonné de leur aventure et de leur beauté. Vous n'avez peut être pas remarqué celle de Félime, mais elle est grande, et vous en auriez été surpris si vous n'aviez point Zayde.

À ces mots ils se séparèrent ; Consalve se trouva encore plus triste qu'il n'avait accoutumé de l'être, et il sentit que la cause de sa tristesse venait de l'affliction qu'il avait de ne pouvoir se faire entendre de cette inconnue Mais qu'ai je à lui dire, reprenait-il en lui même, et que veux-je apprendre d'elle ? Ai-je dessein de lui conter mes malheurs ? Ai-je envie de savoir les siens ? La curiosité peut-elle se trouver dans un homme aussi malheureux que moi ? Quel intérêt puis-je prendre aux infortunes d'une personne que je