Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ma famille est nombreuse ; avec les personnes pour l’éducation de mes enfants nous sommes seize à table de fondation, vous ne pouvez augmenter notre dépense, vous m’obligerez véritablement en acceptant ma proposition. » Son cœur était excellent, mais il avait peu d’esprit ; il jugeait à faux notre Révolution. Souvent il discutait avec moi, je le ramenais presque toujours à des idées plus justes. La noblesse allemande en général donnait tous les torts de la Révolution à la française. Je ne pouvais entendre de tels propos sans une vive impatience. On ne connaissait notre Révolution que par les mauvaises gazettes françaises. Chaque jour, de nouvelles discussions. Un jour qu’il y avait plus que la famille, on parla du roi Louis XVIII, mais toujours sous le nom du comte de Lille. Je ne le nommais que Louis XVIII ; un convive me reprit vivement et me dit : « Il n’est pas roi, Madame. – Il l’est, Monsieur ; il l’est et le sera toujours pour les bons Français et pour les étrangers qui penseront comme eux. Je suppose pour un instant que Bonaparte s’empare de l’Autriche, que les lois françaises y soient établies ; votre empereur ne conserverait-il pas son titre ? Et si la noblesse émigrait comme la française, cesserait-elle de prendre ses titres, et ne vous diriez-vous pas