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pas où je pourrais trouver un gîte pour la nuit. Alors elle me donna une adresse en me disant : « Vous en trouverez un certainement là. » Je fus, je trouvai une belle maison. Croyant que c’était une auberge, je demandai à parler au maître. On me conduisit dans un très beau salon. Je trouvai deux ecclésiastiques, dont un était décoré d’une croix d’évêque. Je crus que c’étaient des étrangers comme moi. Je m’adressai à celui que je croyais évêque et lui dis : « Je serai bien heureuse si je trouvais enfin une chambre ici ; pourriez-vous, Monseigneur, me faire parler au maître ? » Il se mit à rire, et l’autre ecclésiastique qui était avec lui me dit en très bon français : « C’est Monsieur qui est le maître de cette maison, et il ne loge personne. » Je fis un cri de surprise, lui fis mille excuses d’être venue chez lui, lui dis de quelle manière on m’avait induite en erreur. Il répondit avec une grande bonté qu’il allait s’occuper de me faire trouver un logement ; chargea cet abbé qui était un prêtre français d’aller chez une telle personne, me dit d’attendre son retour et m’ajouta : « Si cela ne réussit pas, soyez tranquille, Madame, je ne vous laisserai pas coucher dehors. Mon état de doyen du chapitre de Lintz ne me permet pas de loger des femmes, mais dans la circonstance où vous