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petite porte j’étais rendue de suite dans les beaux jardins de cette résidence d’été du prince électeur.

Ma seule peine était ma séparation avec mon mari qui n’avait pu passer dans la Vendée. Il avait mis son fils au collège de Penn, que l’immortel Burke avait établi pour les enfants des gentilshommes français exilés de leur cruelle patrie. Mon travail, mes ressources d’ailleurs, qui montaient plus haut que ma faible dépense, me permirent d’envoyer à mon mari quelques secours.

Je vivais en paix, aimée des religieuses, qui n’étant pas riches avaient eu la crainte que je serais à leur charge, mais me voyant payer exactement elles furent tranquilles, et la supérieure m’avoua depuis que toutes les difficultés qu’on m’avait fait éprouver n’étaient venues que par là. Cinq mois se passèrent dans cet état de calme pour mon corps, car je ne jouissais pas de celui du cœur. Eh ! le pouvais-je, séparée de mon mari et de mes enfants ? Le mois d’août vint tout détruire. Le général Moreau dirigea son armée sur la Bavière. Les religieuses effrayées s’imaginèrent que le séjour d’une dame émigrée chez elles leur procurerait un mauvais traitement de la part des Français. Elles n’osaient me dire de