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à une lieue de Ratisbonne ; je le pris en passant. Son silence fut aussi tenace que de coutume. Nous nous arrêtions pour déjeuner, dîner ; son domestique donnait ses ordres. À la moitié du jour, j’entrepris de le faire parler ; je vantais le beau pays de la Bavière, j’y mis de l’enthousiasme. Alors cette figure impassible s’épanouit, son amour pour sa patrie lui délia la langue, et le voilà à me faire de l’érudition sur son pays. Il ne pouvait tarir sur ce sujet. Ce n’était pas un homme d’esprit, mais de bon sens. Nous arrivâmes au troisième jour à Munich. Je trouvai à l’auberge, où je fus descendre, le comte et la comtesse de Pollekeski, que j’avais vus à Francfort. À l’auberge où était descendu mon chambellan avec la voiture, il ne se trouva pas de place pour moi. J’envoyai le lendemain chez lui pour avoir le compte de ma dépense, car il avait payé pour moi toute la route. Il me fit dire qu’il viendrait chez moi. Il vint en effet, mais ne voulut pas me dire ce que je lui devais. Voyant son obstination à ne rien dire, je priai le marquis de Lespinay d’aller chez lui un matin et de n’en pas revenir sans m’acquitter. Il eut vraiment de la peine à y réussir.

Je pris un logement dans une maison bourgeoise. Je pris une jeune fille pour me servir ;