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armes, la République n’ayant pas rempli les conditions du traité que le général Charette avait fait. Mon frère m’écrivit que le neveu de Charette allait arriver à Francfort ; qu’il pensait que mon mari pouvait désirer de passer dans la Vendée, qu’il serait un bon mentor pour le jeune Charette à qui il s’intéressait vivement. Prendre ce parti, me laisser seule en Allemagne lui parut une chose cruelle ; son cœur s’y refusait, mais je levai toutes les difficultés et il se décida à partir, dans l’espérance de pouvoir combattre dans la Vendée pour la cause royale, ayant son jeune fils à ses côtés(12). Je voulus qu’il emmenât le fidèle Saint-Jean ; il ne le voulait, mais jamais je ne l’aurais laissé partir sans lui. Le jeune Charette arriva avec M. de Chazet, son ami, jeune homme de son âge, qui était plein d’esprit mais dont la tête était légère. M. de Charette n’avait pas de grands moyens et se croyait déjà un grand personnage par la haute renommée de son oncle ; il en était vain. MM. de Charette et de Chazet, mon mari, mon fils et Saint-Jean remplirent à peu près la diligence pour Hambourg, où ils devaient s’embarquer pour l’Angleterre. Je les vis partir ; je rentrai chez moi le cœur serré et suffoqué par la douleur.