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avec ceux d’un autre qui descendait. Le choc fut violent, et il fut mis sur le côté, heureusement qu’il trouva terre ; ce qui nous empêcha de chavirer tout à fait. Mes filles se trouvèrent mal, moi je fus effrayée, mon fils n’eut pas seulement l’air de s’en apercevoir, et avec un sang-froid extraordinaire dit à ses sœurs : « Voilà bien de quoi avoir peur ! » On admira le courage de cet enfant et l’on me dit : « Il est né brave. » Tout fut renversé et brisé de ce qui était sur les tables, il n’y eut qu’une bouteille de fleurs d’oranger qui conservée servit à calmer mes filles.

Nous arrivâmes le cinquième jour à Mayence, de très bonne heure. Nous ne pûmes trouver de logement dans aucune auberge ; il faisait nuit et nous étions encore à chercher un gîte. Dans ce cruel embarras, je vis passer une femme du peuple, je lui dis quelle était notre peine, elle en fut attendrie : « Je vais vous mener chez de braves gens, ils feront ce qu’ils pourront, soyez en sûrs. » Elle frappa à la porte, et après quelques mots dits en allemand, on nous fit entrer. Le maître me parut être un artisan paysan. Sa femme et lui s’occupèrent à nous fournir les moyens de dormir. On me donna un lit qui était le leur, des matelas à terre furent la ressource