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j’y crus, en sachant que les Autrichiens se retiraient devant les Français sans livrer une seule bataille ; je pris donc le parti de quitter Coblentz. On nous blâma de cette résolution ; mais ne voulant pas me trouver dans une gabarre, je fis chercher des places dans un yacht. Nous eûmes le bonheur d’en trouver dans celui d’une dame de la noblesse qui se rendait à Mayence.

Nous partîmes donc encore avec sécurité ; mais huit jours après, les Français approchant, les malheureux émigrés qui n’avaient pas voulu croire au danger, furent dans le plus grand embarras à Coblentz. Plusieurs furent obligés de partir à pied et de tirer eux-mêmes un mauvais bateau où ils avaient leurs effets. Pendant ce temps, je remontais le Rhin. Nous eûmes un danger imminent, à l’approche de la ville de Runfled (Rhinfelds). Le pont volant se détacha et venait sur nous avec une extrême vitesse. L’activité de nos bateliers nous fit aborder le rivage ; une minute plus tard, nous disparaissions de dessus la surface de l’eau. Nos bateliers nous dirent qu’ils avaient frémi du danger. La Providence veillait sur nous et nous fûmes conservés pour boire encore pendant longtemps à la coupe du malheur.

Le lendemain, les cordages du yacht s’embarrassèrent