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d’un violent mal d’estomac, et ma soirée fut très gaie par la petite comédie que nous jouâmes ; le baron se garda bien d’y venir. Le lendemain notre petite aventure s’ébruita par l’indiscrétion d’un convive, et M. Du Bourg vint m’accabler de ses plaisanteries, et il avait vraiment raison de se moquer de nous.

On me parla des eaux d’Ems, à deux lieues de Coblentz. Nous étions dans la saison des eaux. J’envoyai mon fidèle Saint-Jean pour me trouver un logement dans une maison bourgeoise. Il m’en trouva un chez un baron. Il était joli et moins cher que celui que je payais à Coblentz. Je m’y rendis au commencement de juin. M. et Mme de Pestalozzi me suivirent de près, ainsi que le chevalier de Morey. Vint aussi le baron d’Ernest ; mais il ne venait plus chez moi. Il n’y avait pas encore beaucoup de monde. Peu de temps après vint le comte de Schulembourg, ministre de la guerre en Prusse, sa femme et ses deux filles, dont une était malade. Je voyais cette famille dans le salon de réunion. Je ne fus pas longtemps à m’apercevoir que le comte surtout jugeait notre Révolution autre qu’elle n’était. Ses principes étaient approchant du jacobinisme. Il blâmait son roi de s’être mêlé de nos affaires ; il ne voulait pas croire qu’un jour les Français