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s’était trouvé quelques mauvais Français parmi nous.

Nous étions peu de Français dans cette ville. Je me liai avec le comte et la comtesse de Pestalozzi. Tous les jours nous passions la soirée ensemble. Nous y prenions du thé, un jour chez eux et l’autre chez moi. Le comte était un homme aimable, extrêmement instruit, savant même ; sa conversation était remplie d’agrément. Nous avions admis à notre réunion le baron Du Bourg, gentilhomme très jovial. Il voyait tout en beau, et lorsque nos affaires prenaient une mauvaise tournure il trouvait le moyen d’apercevoir toujours un bon côté, dont à la fin nous pourrions sortir. Je ne voyais pas comme lui ; nous disputions souvent ; mais nos discussions en politique ne pouvaient nous brouiller. Le baron d’Ernest, commandant prussien à Coblentz et que je voyais chez le comte de Pestalozzi, se fit présenter chez moi et il fut un du nombre de ma réunion. M. de Pestalozzi m’amenait quelquefois des étrangers et je faisais de même.

Un soir que notre conversation roula sur le chapitre de la gourmandise, je dis que je ne voulais pas quitter les bords du Rhin, sans avoir mangé une carpe de sept à huit livres, prise dans ce fleuve ; que la réputation de ce poisson me