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d’après mon non-succès ; si on savait que j’ai sacrifié, pour ainsi dire, mon honneur et celui de ma brave armée pour sauver votre roi, on me rendrait plus de justice. » Tout en lui disant cela, les larmes lui roulaient dans les yeux. « Ah ! ajouta-t-il, si je m’étais trompé, que de regrets j’aurais ! » Il lui demanda ce qu’il pouvait faire pour lui. « Sire, la permission de rester à Trèves avec mes prêtres. J’oserai demander encore la même grâce pour la sœur de mon évêque et pour plusieurs autres dames. » Tout fut accordé, et le curé de Charmes ne quitta la tente du roi que porteur d’une lettre pour le gouverneur, et qui me valut la liberté de rester à Trèves sans être inquiétée. Le sursis ne dura pas longtemps. Le général Beurnonville se porta sur cette ville dans le mois de novembre. Le danger était imminent, il fallut fuir.

Je partis le même jour que la marquise de Bartillat, et nous arrivâmes ensemble à Coblentz. La route de Trèves à Coblentz est presque toujours côtoyant la montagne ou des montées très fortes, où nous étions obligés de descendre de voiture, et le baron de Bartillat me faisait voir, en militaire, l’impossibilité que les Français puissent venir à Coblentz, si on voulait le défendre. Il suffisait d’un simple détachement de