Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée

étaient intéressantes par leur extérieur et dont l’intelligence était très avancée ! D’aimer leur bon oncle fut l’effet d’un instant, et leurs caresses enfantines et leurs saillies plurent infiniment à mon frère. La fatigue, plus que cela, les douleurs que je ressentais de mon accident me forcèrent de garder la chambre à peu près trois semaines. J’eus la visite des amis de mon frère : Mgr le cardinal de Montmorency, l’archevêque de Narbonne, l’évêque de Verdun et de Toul. Je me liai avec la famille de Brochant, dont le chef était conseiller au Parlement de Paris. J’avais en face de moi une jeune femme, nommée Mme Du Montet, bien intéressante sous tous les rapports et par les plus cruels malheurs. Elle me fut présentée par l’archevêque de Narbonne, et elle m’inspira le plus vif intérêt. Je la voyais tous les jours. Elle était dans le grand deuil d’un mari massacré presque sous ses yeux, et elle ne dut son salut qu’en lui persuadant qu’il s’était sauvé et qu’il fallait aller le rejoindre. Elle partit à pied, ayant un enfant au sein et l’autre porté par un fidèle nègre. Elle ne sut son malheur qu’à Lyon. Alors elle songea à quitter la France ; elle vint à Trèves. Mon amitié pour elle, sa vive tendresse pour moi ne se sont jamais démenties ; et longtemps après notre séparation