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Pendant mon séjour, je fis connaissance avec la comtesse de La Fare, ma belle-sœur, qui avait une place à la cour ; elle me plut, mais je la vis si peu de temps que je ne pus alors lui accorder toute l’amitié que j’ai eue pour elle depuis.

Durant mon séjour à Paris, que d’idées tristes me procura la vue de la famille royale ! Que j’aurais désiré de la voir éloignée de cette capitale, où les plus fougueux patriotes régnaient véritablement en la place de leur maître, qui n’avait plus à cette époque que le titre de roi, mais sans aucun pouvoir de faire le bien ni d’empêcher le mal qui se faisait !

Je partis de Paris le 4 ou le 5 de janvier 1792. Mon voyage, jusqu’à Condé, fut sans être inquiétée. Mais, rendue à cette place forte, ma voiture fut menée à l’hôtel de ville, et là le Maire me fit signifier de me rendre à son audience. Ma voiture fut aussitôt entourée de la populace. Je trouvai le Maire avec plusieurs de ses adjoints ou conseillers. Il me demanda avec un ton brusque mes passeports. Je lui dis que je n’en avais pas, attendu que lorsque j’étais partie de Nantes, il avait paru un décret qui permettait de voyager sans cette précaution. Il me répondit que ce n’était pas vrai. « Les papiers-nouvelles trompent donc, Monsieur, car je suis