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À la place de M. de Ruillé, je voyais une voiture qui ne me quittait pas et qui arrivait à chaque relai peu de temps avant moi. Il faisait un temps superbe, un beau clair de lune. Il était dix heures ; je dis à mon domestique, qui courait devant moi, qu’à la première poste je m’arrêterais. Le maître de la voiture vint à ma voiture et m’engagea d’aller coucher à Chartres. Je lui dis que je ne le pouvais ; mes enfants en seraient trop fatigués. Alors il me dit que l’auberge était mauvaise, qu’il n’y avait qu’une chambre à trois qu’il avait retenue pour lui et sa fille, mais qu’il me la céderait ; qu’il allait commander le souper et que nous souperions ensemble. Cet homme avait une mauvaise figure et n’annonçait rien de relevé dans ses manières. Je voulus refuser ses offres sous le prétexte que mes enfants, bien fatigués, ne demandaient que du potage et de dormir. Mais il fallut consentir à son arrangement.

Il fit monter dans ma chambre un coffre énorme en fer, que quatre hommes eurent peine à soulever. En me voyant payer en argent, il témoigna de l’étonnement et m’offrit de me changer mes écus en assignats. Je m’y refusai et j’eus tort : ma route aurait été moins chère. Pendant qu’il fut absent de la chambre, l’hôtesse vint