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Boutetière, mais avec l’espérance que ce ne serait qu’une absence d’une année.

Qui pouvait prévoir que ce ne serait qu’au bout de onze ans que je reviendrais, et qu’au lieu de retrouver un château bâti depuis peu car nous n’en jouissions que depuis trois ans, des propriétés, je ne retrouverais plus que les bâtiments en cendre, les terres vendues, les promenades d’agrément, faites à grands frais, arrachées et où la charrue avait passé. Je m’arrête ; il ne faut pas anticiper sur les événements.

Je fus, la première journée, coucher à Montaigu, et accueillie par le chevalier de Chabot, parent et ami de mon mari et aussi le mien. Je trouvai chez lui la réunion la plus nombreuse composée des familles nobles de cette ville, et il y en avait beaucoup. Les dames me trouvèrent bien courageuse. J’étais alors la première femme qui eût pris le parti d’émigrer. Plusieurs ont suivi mon exemple ; mais pas assez, car beaucoup d’entre elles ont été victimes de la Révolution ; plusieurs massacrées et d’autres guillotinées.

Je repartis le lendemain pour Nantes, et fus, comme à Montaigu, reçue chez une ancienne amie, Mme de Gazeau de Châtelière. Ma santé étant meilleure, je repris courage. Je fis encore une journée avec mes chevaux. À Ancenis,