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que sous peu une guerre civile éclatera. Je me trouverai au milieu du choc des opinions dans le foyer de la guerre. Je ne me sens pas le courage d’en être spectatrice. Je pars donc très incessamment avec mes enfants pour vous rejoindre. »

Le parti pris, j’arrangeai mes affaires de finance, et cela fut bientôt fait. N’ayant pu changer la totalité de l’argent que j’avais en écus, je ne savais trop comment l’emporter. L’abbé de Brosse(4), précepteur de mon fils, imagina une cachette dans ma voiture, qu’il fit faire par le nommé Souchard, mon charpentier, dont la fidélité m’était connue. Il a péri depuis dans la guerre de Vendée, avec le rang d’officier, et fut fusillé à Noirmoutier auprès du général d’Elbée, qu’il n’avait jamais voulu quitter. Sa veuve existe encore dans un petit village dépendant de la terre de Saint-Mars.

Mes préparatifs faits, je pris le jour du 19 décembre 1791. Je fus coucher le 19 au château de Ponsay, pour faire mes adieux à M. de Ponsay et à sa famille, pour qui j’avais le plus sincère attachement, et je partis le lendemain avec mes chevaux, pour essayer mes forces, car j’étais si souffrante que je craignais de ne pouvoir soutenir une longue route. Je m’éloignai donc de la