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ma condescendance, je suis tourmentée en tous sens. Je regrette de n’avoir pas montré autant de fermeté que vous. »

Rendue à la fin de novembre 1791, toujours souffrante, mais n’étant pas encore décidée à émigrer, je le fus bientôt, d’après la visite d’un homme qui avait été notre homme d’affaires. Il me dit qu’il avait assisté à une assemblée de notables de onze paroisses, qu’on s’y était décidé à présenter une pétition au nom de tous les habitants, qu’on y demandait formellement à continuer de payer aux seigneurs tous les anciens droits sans exception ; que, sous le prétexte de vouloir alléger le peuple, on remplacerait bientôt leurs charges par d’autres, qu’on voyait bien que l’on aurait à payer beaucoup plus à cette nation que ce qu’ils payaient à leurs seigneurs ; que, lorsque l’année était mauvaise, le seigneur en supportait comme eux la perte, mais qu’avec la nation il faudrait toujours payer, qu’enfin, si l’on ne consentait pas à leurs demandes, on se lèverait en masse pour repousser, par la force, l’oppression.

Jugeant une guerre civile possible, j’écrivis à mon mari et je lui mandais : « Si je n’avais qu’à souffrir des injustices de cette odieuse Assemblée, dite Constituante, je resterais ; mais je vois