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L’abbé Villoing était d’un caractère fort gai, même burlesque ; malgré mon extrême douleur, il trouvait le moyen de m’arracher un rire involontaire.

Ma santé se détraquait absolument. La Révolution marchait avec une impétuosité effrayante. Chaque jour de courrier apportait les plus sinistres nouvelles ; des attaques de nerfs en étaient la suite. Les braves paysans de la Boutetière et de Saint-Mars annonçaient la résolution de s’insurger ; ils trouvaient tout ce qui se faisait injuste, et ils me disaient : « Le terrage que nous payons à notre seigneur, vient d’une cession de terrain, et si on ne nous l’avait pas donné, vous auriez de belles et bonnes métairies à la place. » Des paysans qui raisonnent ainsi ne pouvaient approuver notre spoliation. Le curé de ma paroisse ayant refusé de faire le serment, fut remplacé par un prêtre irlandais. Aussitôt, je fis arranger mon orangerie en chapelle, et ayant eu la permission de l’évêque de Luçon, elle fut bénie par l’abbé de Rieussec.

Pour rendre la cérémonie plus imposante, si c’était possible, je réunis au château de la Boutetière les seigneurs voisins de ma terre, et nous étions une réunion de quinze à vingt maîtres. Mon curé jureur, voulant m’effrayer, m’envoya