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était à Vienne comme ambassadeur. Le Directoire n’avait pas même prévenu l’empereur de son arrivée ; il fut reçu cependant. Au bout de quelques mois de séjour, il conspira pour le renversement du gouvernement établi ; il avait gagné beaucoup de mauvais sujets des faubourgs. Le jour pris pour éclater fut celui où un de ses secrétaires d’ambassade devait se marier avec une Grecque. Le vin prodigué au repas fut un moyen de la Providence pour empêcher le succès de la conspiration. L’heure de quatre heures avait été donnée aux conjurés pour entrer en ville et soutenir l’attaque. Les convives de la noce, échauffés par le vin, oublièrent l’heure du rendez-vous, et dès deux heures le drapeau tricolore fut arboré à un balcon qui donnait sur une place. C’était un jour de marché. À cette vue, les gens des campagnes et du peuple de la ville, dont la place était pleine, crièrent : « À bas le drapeau ! qu’on ôte le drapeau ! » Bernadotte parut sur le balcon, un pistolet à la main et avec sa suite. Il voulut tirer. Alors un jeune homme monta à une échelle, s’empara du drapeau qui fut à l’instant mis en pièces. Le peuple n’eut plus de frein ; on monta dans les appartements de Bernadotte. Il n’eut que le temps de se sauver avec les siens chez une Polonaise qui logeait au