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que le résultat serait tout à l’avantage des royalistes, me dit : « Attendez encore une quinzaine, vous rentrerez en France avec plus de facilité et d’agrément. » Je le crus ; mais au lieu du succès, le 18 fructidor fit sortir beaucoup de monde de France et il ne fallut plus songer à exécuter mon projet. J’eus tort, je n’étais pas sur la liste. À la vérité, je ne le savais pas, mais je l’aurais appris en France et je n’aurais rien risqué. Les terres de mon mari n’étaient pas encore vendues ; il m’était dû quelque argent et j’aurais pu racheter la Boutetière, Saint-Mars et aussi au moins pour la valeur de vingt mille francs de rentes ; car tout ce bien-là a été plutôt donné que vendu. J’en aurai un éternel regret pour vous, mes chers enfants.

Pendant ce temps, j’eus l’honneur d’être présentée à Madame Royale, un jour qu’elle entrait au couvent de la Visitation, où étaient mes filles. Cette auguste princesse m’accueillit avec la plus extrême bonté. Je ne puis rendre l’impression qu’elle me fit éprouver. Son regard céleste était en même temps si attendrissant que mes yeux se remplissaient de larmes et j’avais bien de la peine à répondre à ses questions. Elle me dit les choses les plus aimables sur mon frère. « Je lui ai, Madame, beaucoup d’obligations et je me