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autrichien ? « On pourrait l’être, si on n’avait pas eu la certitude que le nôtre touchait à sa fin. Le nombre des familles sénatoriales se détruisait peu à peu ; plus d’ensemble, plus d’énergie dans le gouvernement. Nous étions rendus à notre décadence ; il fallait être conquis n’ayant plus les moyens de nous défendre, et il est heureux que ce soit par le gouvernement autrichien, vraiment paternel. »

Pendant notre émigration de Lintz à Freystadt, je fus priée à aller passer une journée à la campagne chez le comte de Türheim, avec plusieurs personnes de notre petite colonie française, entre autres les Laugier et M. et Mme de Rancy. Le château était petit, mais pouvait avoir été fort ; le parc était charmant. On parla politique, comme on peut le croire. Le comte avait les principes de ses confrères et il approuvait la destruction de la noblesse française. C’était d’autant plus étrange qu’il était d’une maison très illustre. Nous lui répliquâmes avec modération. Étant chez lui, cela demandait des ménagements. Après dîner, il nous fit voir une très grande salle où étaient les trophées d’armes qu’avaient remportés ses ancêtres, et nous en disait le temps, l’époque qui remontaient très loin. « Monsieur le Comte, dit le marquis de Rancy, tout ce que je vois