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position de Bonaparte était tellement critique qu’il ne pouvait s’en tirer. L’archiduc passa à Vienne pour se rendre à l’armée du Rhin, où il existait du danger. À son arrivée à Lintz, il trouva la ville illuminée en réjouissance de la paix. Il blâma les autorités, fit arrêter ces démonstrations publiques. Il n’était pas arrivé bien loin qu’un courrier lui apporta la nouvelle de la paix et l’ordre de son retour. Il paraît certain qu’il ne fut éloigné que dans la crainte qu’il ne mît obstacle à la conclusion de la paix. Les Français étaient absolument sans vivres, et on fut obligé de leur en fournir pour sortir des États d’Autriche. La paix de Campo-Formio eut le plus heureux résultat pour Bonaparte ; il était tiré d’un mauvais pas. C’est ainsi que je l’entendis dire à tous les gens sensés et éclairés qui regrettaient avec raison qu’on n’eût pas laissé agir l’armée qui couvrait Vienne.

Bonaparte se retira par Venise. J’ai ouï dire à la comtesse Morosini, femme d’un sénateur, qu’à son arrivée dans cette ville il signa l’arrêt de mort de trois cents sénateurs, que Joséphine se jeta à ses genoux pour obtenir leur grâce, et que ce fut avec bien de la peine qu’elle l’obtint. Je demandai un jour à cette même comtesse si on était fâché à Venise d’être passé sous le gouvernement