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assez.... du grand estat qu'il avoit trouvé, et des honneurs qui estoient en France, ausquelles du faire ne de l'entreprendre à faire, nul autre païs ne l'accomparage. " (Froiss. liv. I, p. 30.)

VARIANTES :

ACCOMPARAGER. Nicot, Borel, Monet, etc. Dict.
ACCOMPARER. Apol. pour Hérod. p. 201.
ACOMPAGIER. Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 434, col. 3.
ACOMPARAGER. Lanc. du Lac. T. II, fol. 52, V° col. 1.
ACOMPARAGIER. D. Carpen. suppl. Gloss. de Du C. au mot Consuenter.
ACOMPARAGIR. Modus et Racio, MS. fol. 191 R°.
ACOMPARER. Clém. Marot, p. 480.

Accomplaindre (s'), verbe. Se plaindre.

" Se accomplaignit fort au duc de ce qu'il lui avoit fait perdre ceste belle journée de Flandres. " (Hist. de la vie de Loys III. D. de Bourbon, p. 224. - Voy. COMPLAINDRE ci-après.)

Accomplir, verbe. Completter. Finir, terminer, achever. Exécuter à mort.

On lit au premier sens : " Donna la charge de les accomplir jusques au nombre de deux milles hommes. " (Mém. de Du Bellay, liv. VI, fol. 185, V°. - Voy. ACCOMPILER ci-après.)

De l'acception de completter, est née celle de terminer, achever. " Envoya Fredegonde à une ville assez prez de Rouen, pour la acomplir le remanant de sa vie. " (Chron. St Den. T. I, fol. 58.)

De là, au figuré, on a dit accomplir, dans le sens de terminer la vie de quelqu'un, l'exécuter à mort, le punir de mort. " Il doit lors estre mené et accomply à justice, et le corps, jaçoit ce qu'il soit mort, livré à tel exemple comme s'il fust en vie. " (Bouteill. Som. Rur. p. 273.)

Ces trois significations, dont nous venons de rapporter des exemples, sont des applications particulières de l'acception générale et subsistante, Accomplir, achever entièrement, effectuer. (Voy. COMPLIR ci-après.) On peut y rapporter diverses façons de parler, qui prennent leur origine dans les usages de notre ancienne Chevalerie.

Il arrivoit souvent qu'un chevalier s'engageoit à soutenir un pas d'armes, à rompre une lance, etc. c'est ce qu'on appeloit autrefois entreprinse. (Voy. EMPRISE ci-après.) Ces engagemens étoient en quelque sorte, des défis à tous les chevaliers ou gentilshommes d'une province, d'une ville, etc. Par conséquent les accepter, c'étoit fournir à ceux qui les proposoient, l'occasion d'accomplir leur promesse.

De là, ces expressions figurées.

1° Accomplir les armes, ou l'entreprinse d'un chevalier, comme en ce passage : " Prest pour lendemain faire les armes qui ci-après sont escrites, par devant mon très-redoubté Seigneur Monseigneur le Duc d'Orleans, lequel m'a accordé la place. Si est adonc Gentilhomme... en la.... ville qui accomplir les me vueille ; et premièrement serons moy et le Gentilhomme qui accomplir me voudra mon entreprinse, montez à cheval en selles de guerre sans nulle lieure. " (Monstr. Vol. I, Ch. " VIII, p. 7, V°.)

" Je serai celui qui à mon pouvoir luy accompliray ses armes. " (Saintré, p. 218.)

2° Accomplir la faulte d'un autre, signifioit le remplacer ; mais le remplacer en accomplissant l'engagement qu'il avoit pris. " Le chevalier aux trois Couleuvres estoit appareillé d'accomplir la faulte de ses deux compaignons qui estoient blecez. " (Percef. Vol. VI, fol. 64, R° col. 2.)

3° Accomplir d'une lance, c'étoit dégager sa promesse, l'accomplir en rompant une lance. " Se dressa Lancelot sur les estriers.... et frappa ung Chevalier.... si durement qu'il le porta à terre.... et passa oultre pour.... acomplir de sa lance, car elle n'estoit pas encore rompue ". (Lanc. du Lac, T. III, fol. 117, V° col. 2.)

VARIANTES :

ACCOMPLIR. Orthog. subsist.
ACCOMPLYR. Bouteill. Som. Rur. p. 273.
ACCOMPLIR. Lanc. du Lac. T. III, fol. 117, V°, col. 2.
ACUMPLEYR. D. Morice, Hist. de Bret. p. 1002, tit. de 1266.
ACUMPLYR. D. Morice, Hist. de Bret. col. 1002 et 1003, tit. de 1266 et 1268.

Accomplissement, subst. masc. Perfection. Politesse, civilité.

Ces deux significations naissent du sens subsistant d'accomplir, achever. De là, accomplissement, l'état d'une chose achevée, parfaite ; ce que nous nommons perfection. Ainsi Guill. Guiart a dit en parlant de la fondation de Paris :

Establirent une cité
Bele et plaisant, à terre seche.
Et l'apelerent Leuteche :
C'est-à-dire, qui voit ramainne
Vile de bien rasée et plainne
Par la gent qui là s'iert atraite
Fu, si comme leur plut, parfaite
D'assez bel aconplissement.

G. Guiart, MS. fol. 142, R°.

De là, on a employé accomplissement, pour civilité, politesse achevée, politesse qui ne laisse rien à desirer. Le Duc de Biron faisant le récit du bon accueil que lui avoit fait l'Archiduc, finit ainsi : " Enfin toute sorte d'accomplissements nous avons receu de luy. " (Mém. de Bellievre et de Sillery, p. 436.)

VARIANTES :

ACCOMPLISSEMENT. Mémoires de Bellievre et de Sillery, p. 436.
ACONPLISSEMENT. G. Guiart, MS. fol. 142, R°.

Accomplisseur, subst. masc. Qui accomplit. (Voy. Oudin, Dict.)

Accompt, subst. masc. Compte.

On lit dans une citation de Du Cange : " Le marescal doit estre al jour de la feste et à tous aultres jours à les accomptz ; et les establissemenz

(1) qui ramène le mot à son vrai sens. — (2) comblée. — (3) s’étoit.