Adresscment, siibst. masc. Action île re-
dresser. Droit, justice. Action de conduire. Voie,
chemin. Instruction, avis, nouvelle. Sagesse,
équité, prudence.
Le premiers sens est le sens propre. (Voyez
Adresser ci- après.) L’on a dit au (iguré :
Contre eulx feront un jugement
Envelopé de grant malices,
Si ne mettes lulréemenl
Sus culx, et grant corrugeraent.
MoJus cl Racio, MS. fol. 33î, R’.
Ce mot a signifié droit, justice. « Le Prince
i. leur fisl respondre qu’il eÇloil courroucé des
» domaiges et excez... faitz au Itoyauline de France,
« et que luv, quant il seroit retôuiné d’Espaigne,
<■ en feroit "bon et lovai adrecement. » (Chron.
S’Denys. T. 111, fol. 19," V°.)
Du verlie Adresser, diriger, conduire, on a fait
adrcssemcnt pour désigner l’action de conduire
par le chemin le plus droit, le plus court.
(Cotgr. Dict.l
Ce même mot a été pris dans le sens de voie,
cheminqui conduit directeincntd’iin lieu à un autre.
" S’en va par uug adrcssoitcnl tic la forest, qu’il
« s^avoit moult bien. " ;Lanc. du Lac, T. I, fol. 158,
Y» col. 1. — Voy. Adresse ci-dessus.)
Instruire tiuelqu’un. c’est le diriger, le conduire
par des avis. Ainsi adrcssemcnt a pu signilier en
génér.il, insiruclion. (Cotgr. Dict.l Dans une signi-
lication plus particulière, instruction, avis, nou-
velle. « La Hoyne Lydore alloit.... par la loresl,
« escoulant s’èile aïiroit ([ueltiue adressement
« comment le tournov... s’esloil porté. » (Percef.
Vol. IH, fol. 30, l{»col."l.)
Knfin, il semble que ce mol considéré comme
terme collectif des vertus morales, sur le principe
desquelles on doit diriger sa conduite, puisse être
interprété par sagesse’, équité, prudence dans les
passages suivaiis :
.... estre moult liez dcveroic,
Se je la suer avoir povoie
De Roi de tel odcrr.emcnt
Com vous estes, etc.
Cléomadcs, MS. de Gaignat, fol. 44, R- col. 3.
N’estoit-ce pas trop grant meschiés,
Quant hom de tel adrrrrmcnt
Qu’il ert, estoit à tel tonnent,
K"à paines povoit-il parler.
Clcomailcs, .MS. de Gaign.il, fol. 24, R* col. 3.
Qui vit aine mais home de son jouvent,
Encui si fussent tout bon adcrcnmantf
Enfance d’Ogicr le Danois, MS. do Gaij^al, fol. tl2, R’ col. 1.
VARIANTES :
ADRESSEMENT. Cotgr. Dict.
Adercement. Cléomadès, MS. de Gaignat, fol. fiS, R" col. 2.
Adrecement. Chron. S’ Denys, T. Uf, fol. 19, V".
Adrèement. Modus et Racio, .MS. fol. 332, R».
Adresce.ment. l’atem. de Rlois, MS. de S’ Germ. fol. 109.
Adresser, verbe. Redresser, rendre droit.
Redresser, rectifier. Faire droit, rendre justice.
Restituer. Protéger. Secourir, aider. Fournir,
pouivoii-, munir. Dresser, tenir droit. Diriger,
conduire, guider. Approcher, parvenir, arriver.
Egaler. Frapi^er. Instruire.
On pourroil dire avec Du Cange, que des verbes
de la basse latinité adirectarc, addretiarc, addres-
sare, formés du latin dhrclioii, on a fait notre verbe
Adresser. (Voy. lil. Cbxss. Lat. coi. I'_>7 et 13G.)
Ménage le dérive A’addirccliare. i,Voy. Dict. étym.)
11 paroitroit pourtant i)liis simple et plus nat’urel
d’en chercher l’origine dans les variations d’ortho-
graphe de l’adjectif droit, que l’on a écrit drès,
drcch, etc. d’où le verbe Adresser, Adrrehier, etc.
proprement redresser, rendre droit, (^elte acceplion
propre est employée figurémeut dans ce passage :
« Li Prêtait, ce suni cil (lui eus nels descendent en
« la meir, et ki eu nuiiiites awes se travaillent. Il
« ne suul dcslroit par nulc sente de pont, ne de
« wcil (1 , por ceu k’il poieiitcorre zai et lai, et
« soscorre i’i un chascuns, selon ceu ke mestiers
« est et adrecier la sente del pont ou encerchier (2)
« le weit. » (S’ Bcrn. Serin, fr. mss. p. 3’i'2 et 343.)
C’est aussi dans un sens propre et figuré tout à la
fois iiue l’on a dit adrecer un tort pour réparer une
injustice, redresser un tort; expression fort usitée
dans le style des vieux romans et (jui subsiste encore
dans le style familier.
Juges quant tu vois, en la toie
Court, le povre qui se tristoie ;
Di, je voi là un Dieu eslit :
S’on li fait tort, si ’adl•t•^•nie.
Dit de Cliarild, MS. de Gaignat, fol. 218, R* col 1.
Ce verbe a été pris dans la signification figurée
de redresser, rectifier en parlant de choses morales.
Pour ce convint totcs servir,
Et le fol et le sage oïr ;
El bien convient mal otroïer.
On ne puet pas tôt adrc.cicr,
Ne mettre toute chose à point.
Fal)l. MS. du U. n" 7015, T. II, fol. 135, R" col. 2.
. . . encore keurt (3) cis usages,
Et entre fouis et entre sages,
Que ce c’on ne puet adrecier.
Convient souventes fois laissier.
Clcomadès, MS. de Gaignat, fol. 57, V" col. 3.
Fuyons toute vilbnie,
Soyons amis et amie.
Qui a mal fait, si l’adresse.
Eust. des Ch. Po5s. MSS, fol. 201, col. î.
Ré[)arer un tort, Vadresser, c’est faire droit à
qucliiu’un, lui rendre jusiire. Ainsi l’on a pu dire
en ce sens adresser iiuclqu’uii d’une dureté, c(Hiime
dans ce passage : Le Conseil du Itoi « ne se voiiloit
« point passer que le Coniiestable de France... ne
« fust adrecé des durtés que le Duc de Dretaigne
» luv avilit faites. » (Froissait, Vol. III, p. 203.)
On fait droit à celui, eu f;ivcur de qui l’on or-
donne une restitution. De là le vcrlie adresser dans
le sens de restituer. « Enjoignons à tous nos Sénes-
« chaux, etc.. que cil, en linéique destroit, juris-
(1) Voici la traduction : « Les prélats sont ceux qui en nefs descendent en la mer, et qui en maintes eaux se travaillent.
Us ne sont distraits à nul passage, ni aux ponts, ni aux gués... » (N. e.) - (.2) incircare, chercher. - (3) court.
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