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Des chacals il rongea les crânes dépecés,
Il se plut à broyer les loups dans ses étreintes ;
Il dévora la moelle et les os concassés,
Dans les grottes laissant de farouches empreintes.

Et l’homme put ainsi déblayer son terrain,
Élargir devant lui la route et la clairière :
Mais, à jamais marqué par ces siècles d’airain,
Il sent vivre en son cœur la bête carnassière.

Et c’est pourquoi chacun sent palpiter en lui
La griffe d’un chat-pard et l’aile d’un rapace ;
Cruel est notre amour, féroce est notre ennui,
Le meurtre nous enivre et l’horreur nous délasse.

L’homme est un fauve. En lui le monstre vit toujours.
Utopistes niais dont la sensiblerie
Rêve un monde baigné d’éternelles amours,
Nous n’entrerons jamais dans votre bergerie.

Car, jeune homme au cœur fier ou vieillard aux yeux doux,
Vierge dont le front pur a des reflets d’opale,
Petit enfant rieur jouant sur nos genoux,
Tout être humain en lui renferme un cannibale.


Cette pièce est certainement d’un grand souffle, pleine de vers d’une ferme carrure, et k thèse qu’y soutient M. Emile Chevé n’est pas si étrmgty si en