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Près d’eux, les vieux Césars paraissent folichons :
Tibère est galantin, Messaline est vestale.
Tu brilles comme un tigre au milieu des cochons
Dans l’effrayant musée où la hideur s’étale.

Auprès de toi, Marquis, comme ils sont épiciers,
Les Piron, les Zola, dans leurs fades ébauches !
Qu’ils rampent platement sur leurs bas-fonds grossiers,
Dans l’étroit horizon de leurs maigres débauches !

Au moins, toi tu fis grand dans ton obscénité !
Viol, et parricide, inceste et brigandage,
Ruissellent de ta plume, et notre humanité
Sent rugir en ses flancs ta muse anthropophage.

Oui, nous nous souvenons de nos passés lointains !
De caustiques virus fermentent dans nos âmes ;
Oui, nous nous souvenons de ces sanglants festins
Que faisaient nos aïeuls sur des autels infâmes.

Autour de son berceau, la jeune humanité
Trouva le loup, le tigre et l’ours noir des cavernes,
L’hyène, le gorille et l’auroch indompté,
Les Stymphales noircis et les rouges Arvernes.

L’homme n’eût pas vécu, s’il n’eût été comme eux
Un monstre, un fauve aussi. Sous la forêt sauvage,
Dans l’antre redouté, sur les flots écumeux,
Terrible, il promena la mort et le ravage.