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Nous aimons de la mort les sinistres couleurs :
Le rouge, ce blason des billots, des batailles ;
Le vert, des corps gonflés estompant les pâleurs,
L’azur, de son réseau recouvrant les entrailles.

Si parfois, retenus par le respect humain,
Nous n’osons pas aller voir tomber quelque tête,
Nous nous précipitons, le binocle à la main,
Quand la Morgue promet une lugubre fête.

Et quand un noir bandit, un hideux criminel,
Vient tomber pantelant sur le banc des assises,
On voit, pour assister au débat solennel,
Se presser des boudoirs les fleurs les plus exquises.

Car nous aimons aussi le désespoir, les pleurs,
Le drame palpitant des angoisses secrètes,
Et la honte empourprant le front de ses chaleurs,
Et les cris du gibier forcé dans ses retraites.

Un attrait monstrueux, un prurit sensuel,
Sort pour nous de la mort, du combat, du supplice,
Dilatant la narine, et, d’un éclair cruel,
Enflammant le regard et le front qui se plissent.

Oh ! qu’il est dans le vrai, ce marquis, ce Satan,
Qui mariant le sang, la fange et le blasphème,
D’un Olympe de boue effroyable Titan,
Dans la férocité mit le plaisir suprême !